Le saint Nom de Jésus, Bon Pasteur, est invoqué en ce dimanche des vocations !

Homélie du 4ème dimanche de Pâques B :

                      Lectures : Ac 4, 8-12;  Ps 117; 1 Jn 3, 1-2; Jn 10, 11-18

Mes frères et mes sœurs, en ce dimanche des vocations, je voudrais m’attarder avec vous sur le saint Nom de Jésus, sur la vocation de chacun de nous en général et celle du prêtre en particulier.

En effet, dans la première lecture,  saint Pierre nous livre un secret, une recette spirituelle toute simple, mais combien  intense et efficace : apprendre à faire appel,  comme nous l’exhorte d’ailleurs saint Paul (1 Co 1, 2), à invoquer, à citer le Nom puissant de Jésus. Jésus, Yeshua, signifie, et c’est fort : Dieu sauve, Dieu protège, Dieu défend, Dieu préserve, Dieu guérit, Dieu pardonne !  Ce saint Nom annoncé à Marie et à Joseph par les anges (Lc 1, 31; Mt 1, 21), mentionné  30 fois dans le livre des Actes des apôtres, est source d’onction et de bénédiction. A lui seul, il opère des signes et des prodiges; c’est une prière d’autorité qui délivre et exorcise (Ac 3, 6.16; 4, 10; 5, 41). Ce Nom est en même temps un sacrement, car par Lui, avec Lui et en Lui  Jésus-Emmanuel, Dieu est avec nous… En ce qui me concerne,   il ne se passe pas un jour sans que je n’invoque, du fond de mon cœur,  le puissant  Nom de Jésus ! En réalité, apprendre à dire  seulement « Jésus » dans la profondeur de sa  foi, c’est déjà confesser que sa vie est dans les mains du Seigneur, que Jésus est son bon, beau berger!

Chers amis, c’est le dimanche des vocations aujourd’hui. Qu’elle soit laïque, presbytérale, de vie consacrée, toute vocation est un feu dévorant, l’aspiration élevée et incitante que l’on a   à se rendre utile aux autres, à offrir ses services, à donner sa vie au lieu de la garder exclusivement pour soi-même, c’est-à-dire de l’appauvrir. Et pour y parvrnir, il faut de la générosité,  du dévouement et  de la passion. Il va sans dire que tout ce que nous réalisons sur cette terre n’a de sens et de soupçon d’éternité que si nous le faisons  par amour. La vocation chrétienne en général est un appel à traverser les eaux tantôt agitées, tantôt apaisées de la vie avec le Christ, qui nous indique le rivage de la liberté et du vrai bonheur… Alors, si tant est que chacun doit jouer sa partition,  dis-moi  : quelle est ta mission sur cette terre ; à quelle vocation le Seigneur t’appelle-il et comment y réponds-tu ?…

A l’instar de Jésus le bon pasteur, le prêtre, berger de sa communauté, est invité, quant à lui,  à exhaler, à dégager l’odeur du troupeau. S’adressant aux prêtres, le Jeudi Saint 2013, le pape François leur disait : « Soyez des pasteurs pénétrés de l’odeur de vos brebis« , c’est-à-dire proches des gens dans leur vie quotidienne, en les accompagnant dans leurs peines, leurs joies, leurs peurs et leur espérance. Le berger respecte le rythme de marche de chaque brebis. Il aide celles qui tombent à se relever; il prend sur ses épaules  celles qui sont fatiguées ou découragées. Et où se positionne-t-il ?  Il est devant parce qu’il est guide, éclaireur des consciences. Au milieu : parce qu’il est appelé à se mêler au troupeau, à partager ce qu’il vit par une proximité bienveillante et miséricordieuse. La beauté de son regard rempli d’amour et d’empathie apaise et rassure. De temps en temps, il est derrière pour se laisser guider à son tour par le troupeau. Comme le dit le pape François, le troupeau possède lui-même un flair approprié et juste, un odorat pour trouver de nouveaux chemins (cf. EG, N° 31). En fait, il s’agit d’un rendez-vous du donner et du recevoir : nous les prêtres, nous donnons aux fidèles, mais eux aussi nous apprennent beaucoup ; ils nous enrichissent par l’édifiant  témoignage de leur foi, de leur charité et de leur espérance.

« J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas dans cet enclos« . Ces brebis étrangères sont aussi promises à entrer dans l’enclos de l’Alliance avec Dieu. Cela doit bien interroger notre préoccupation pastorale à tous d’aller en périphérie selon l’expression du même pape argentin, d’aller chercher tous les enfants de Dieu bien au-delà des murs de nos communautés chrétiennes parfois trop frileuses, introverties, sans rayonnement ni ouverture !     

Que le Ressuscité, le Vivant, source même de la vie divine, continue, en ce temps pascal, d’inoculer notre cœur de la grâce de croire, d’aimer et d’espérer.

                                                                                  Vital Nlandu, votre curé-doyen

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Etre saisi d’étonnement !

    Homélie du 3ème dimanche de Pâques B : Etre saisi d’étonnement !

          Ac 3, 13-15.17-19; Ps 4; 1 Jn 2, 1-5a; Lc 24, 35-48

Chers amis, à partir de l’Evangile de ce dimanche, je comprends plus que jamais que Jésus-Ressuscité se joint à toi, à moi, à nous, simplement, sans tralala, dans la réalité de notre quotidien : dans nos rencontres, nos préoccupations, y compris dans les moments difficiles. Le psalmiste dit : « Beaucoup demandent : qui nous fera voir le bonheur ? Sur nous, Seigneur, que ton visage s’illumine !« … Aussi, pour que nous saisissions encore plus fort qu’il est avec nous dans l’ordinaire de chaque jour, le Ressuscité mange un morceau de poisson grillé devant ses disciples. S’il le fait, c’est pour nous dire qu’il bénit le fruit de notre travail, mais également, comme le souligne Martin Luther King, que la religion ne doit pas seulement s’occuper du ciel, mais aussi de la terre.

Jésus rend d’autant plus pragmatique la manière dont il parle à ses amis qu’il insiste sur la matérialité de sa présence et je le paraphrase : « Je vous invite à me regarder, à me toucher, à me palper … Ayez des informations à partir de vos sens, faites-vous des sensations … Dites-moi alors : après avoir scanné mon corps, que constatez-vous, que découvrez-vous ? N’est-ce pas que je ne suis pas un fantôme, une illusion, un produit de l’imagination, mais bel et bien quelqu’un avec qui on peut communiquer, rire, pleurer ; un être vivant, réel, rempli de vie nouvelle ? … Et là, que remarquez-vous ? N’est-ce pas que les perforations laissées par les clous, les marques de crucifixion demeurent ? Ces sillons, ces traces de mes plaies vives sont la mémoire de ma vie offerte, la passion de l’amour miséricordieux, inconditionnel, gratuit, éternel que je garde pour chacun de vous. Ceci dit, puis-je vous demander de ne pas garder cette fascinante révélation d’espérance pour vous tout seuls. Il est urgent pour vous d’être ces fervents témoins qui  rapportez aux gens que je suis Vivant, Ressuscité ! L’Esprit Saint ouvrira dorénavant votre intelligence à la compréhension de la nouvelle lecture des Ecritures, à savoir : les interpréter à la lumière de ma Résurrection et vivre la Parole de Dieu en vous laissant traverser, submerger par la puissance mystérieuse, la force re-créatrice de cette Résurrection ».

Mes sœurs et mes frères, le kérygme (proclamation, annonce du contenu fondamental de la foi chrétienne) de Saint Pierre entendu dans la 1ère lecture est déjà l’application de la recommandation de Jésus dans la page d’Evangile : Christ a souffert, Christ est mort, Christ est ressuscité; nous en sommes témoins. Dès lors, convertissez-vous et vous serez sauvés !

A propos de la conversion, je suggère que nous mettions le focus aujourd’hui sur le regard du cœur. En effet, Saint Luc écrit : « Dans la joie, les disciples restaient saisis d’étonnement » (24, 41). Les effets de leurs émotions de joie et de surprise sont tels qu’on voit leurs sourcils levés, leurs yeux écarquillés, leur bouche ouverte ! En tout cas, ils ne sont pas insensibles à ce qui se passe ! L’étonnement n’est pas seulement prélude à la philosophie (Aristote), il est aussi entrée en émerveillement, la clé qui ré-enchante la vie. « Apprends l’émerveillement » conseille le pape François, « cultive l’étonnement » (Octobre 2017). Cela veut dire : laisse-toi atteindre, toucher par la beauté des choses, le mystère, la magie, la splendeur de l’existence. Avec l’émerveillement, ta relation avec toi-même, en couple, en famille, avec tes amis, avec la nature, avec le Dieu trinitaire ne sera plus livresque, cérébrale, intellectualiste, mais poétique, romantique, tendre, dévotionnelle, imbibée de respect, de silence, de bienveillance et de gratitude.

                                                   Vital Nlandu, votre curé-doyen

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Homélie du Jour de Pâques B

        Homélie du Jour de Pâques B : Jean 20, 1-9

Chers amis, la semaine sainte a été un chemin à découvrir, un espace de silence et de paix qui nous a permis de faire la vérité sur notre relation personnelle avec Dieu.Regardez cet arbre sec et aride du carême qui reverdit sans crier gare, signe d’espérance et de renaissance ! Regardez l’arbre de la croix où Jésus dégoulinait de sueur, de sang et d’effroi. Ce bois, nouvel arbre de vie, est folie de l’amour de Dieu pour l’homme. C’est là que se trouve concentrée l’énergie cumulée du verbe « aimer » !  Que sa sève d’amour, l’amour  qui va jusqu’au bout,  coule dans nos veines;  et comme une Source, qu’elle fasse jaillir la vie de Dieu dans nos déserts spirituels.

*Le constat est sans appel, c’est la béance du tombeau de Jésus : il est vide !

Mais serait-ce pour autant une preuve établie et indéniable de la résurrection de Jésus-Christ ? Je ne crois pas nécessairement ! C’est Marie Madeleine qui a fait ce constat brut : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où  on l’a déposé! ».  Il est vrai que personne n’a vu, enregistré ou encore filmé la scène de la résurrection, le moment crucial où la pierre est roulée, où l’on voit Jésus quitter le tombeau, s’en éloigner, seul ou accompagné, transporté, vivant ou mort…et en quelle direction !

Cependant, ce qui poussera le monde entier à croire qu’il ne s’agit pas là de « fake news », ce sont les paroles en actes des apôtres, des disciples, des fanatiques du Ressuscité. C’est en voyant la fougue résolue et le feu irradiant de ces témoins qui agissaient au Nom du Ressuscité, à travers des œuvres qui font lever le jour, que le monde a  fini par croire que Jésus était vraiment ressuscité, qu’il était vivant : il ne pouvait en être autrement ! Le témoin donne envie de croire, il rend Dieu désirable !

Oui, par leur témoignage, les apôtres ont fait leur part. Aujourd’hui, les amis,  c’est  par nos actes que nos contemporains croiront  que le Christ est réellement vivant.  Alors, que chacune et chacun s’interroge : est-ce que je pose assez  d’actes résurrectionnels ? En effet, notre communion au Ressuscité nous engage à vivre à notre tour en ressuscités. « Je croirais plus volontiers à leur sauveur » dit Nietzsche en parlant de chrétiens, « s’ils rayonnaient davantage la joie, s’ils avaient l’air d’être sauvés, l’air de ressuscités« . 

La Résurrection de Jésus-Christ est  énergie révolutionnaire lorsqu’elle suscite de nouveaux « passages », de nouveaux engagements pour la vie et pour l’amour. Et l’on vit ses petites résurrections en déployant sa capacité de résilience : « L’homme n’est pas fait pour être vaincu » dit l’écrivain Ernest Hemingway, « il peut être détruit, pas vaincu« …   S’adressant aux jeunes aux JMJ de Rome en 2000, Jean-Paul II leur disait : « Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier ! »

*La pierre est roulée

Il y a toujours une pierre lourde, très lourde même qui, souvent, nous  paralyse et nous  empêche d’avancer. Elle est là la pierre, présente dans notre vie personnelle, relationnelle, familiale, paroissiale… Cette pierre, c’est, certes, des éléments nuisibles extérieurs. Mais c’est aussi parfois nous-mêmes. Sachons que chaque fois que nous avons posé un acte de résurrection, nous l’avons roulée. 

*Il vit et il crut !

Après 20 siècles de christianisme, ce que nous avons à voir aujourd’hui, c’est à partir des yeux de la foi. Fêter Pâques aujourd’hui, c’est reconnaître les traces du Ressuscité au cœur de la vie de nos familles et de nos communautés. Oui, nous pouvons par notre regard de bienveillance et de foi, découvrir les scintillants signes d’espérance et de résurrection d’aujourd’hui. Le ressuscité est présent dans les sacrements, dans la recherche de nouvelles expériences spirituelles et d’intériorité, dans les nouvelles solidarités, bref dans les initiatives et la maturité spirituelle et humaine de nos communautés respectives.

En chacun, il y a une fontaine d’eau vive, quelque chose de beau, de grand, de vrai, de bon. Chaque personne est sacrée et peut, grâce à la puissance de la résurrection de Jésus-Christ qui le traverse, déployer la richesse infinie de sa vie intérieure.

                                                                    Bonne fête de Pâques à tous.

 Vital Nlandu, votre curé-doyen

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Homélie du dimanche B des Rameaux et de la Passion du Seigneur

                          Lectures : Is 50, 4-7; Ps 21; Phil 2, 6-11; Mc 14, 1-15, 47

Mes sœurs et mes frères, le dimanche des Rameaux est un des plus populaires du culte chrétien. Curieux, même les non cathos viennent chercher des Rameaux !… Tout n’est pas que parole, il y a des signes, des gestes qui en disent long : l’évocation des rameaux (végétaux), d’un petit âne (animaux) à l’entrée solennelle de Jésus le  Messie-Sauveur tant attendu, dans Jérusalem, atteste que toute la Création, toute la Toile du vivant (Mc 11, 1-10) est associée à célébrer le mystère qui s’annonce : la victoire du Christ sur les forces du mal et de la mort.

Lors du repas d’alliance, Jésus annonce aux 12 que l’un d’entre eux va le livrer. Soudain, chacun s’interroge sur sa loyauté envers le Seigneur : « Serait-ce moi Seigneur ? » Que cette Semaine Sainte soit pour chacune et chacun une opportunité d’évaluer sa loyauté, sa fidélité à Jésus. Un tel exercice ne peut que raffermir la foi… En effet, les Rameaux et la Passion du Seigneur que nous célébrons ce dimanche, nous ouvrent un vaste champ de réflexions et d’interrogations sur la réalité de notre vie, qui est faite de mystères joyeux et douloureux. Si Jésus ovationné par les hozanna à l’entrée de Jérusalem, est vomi sitôt après, c’est dire que la vie est à la fois une vallée de roses, mais aussi de larmes, un vrai arc-en-ciel : il faut de la pluie et du soleil pour en apercevoir les couleurs.

Nous le savons : la souffrance n’est pas une tarte dont chacun prendrait volontiers sa part,  et pourtant elle est inexorable.  Elle fait partie intégrante de notre vie.  Etty Hillesum l’a compris quand elle écrit : « La vie et la mort, la souffrance et la joie, tout, tout en moi, je l’accepte comme une totalité indivisible ». C’est même ce qui fait dire à Jean d’Ormesson : « La vie est belle parce que nous mourrons … Merci pour les roses, merci pour les épines ! « . Vouloir ainsi écarter de sa route toute souffrance, c’est oublier que la vie peut être un long fleuve tranquille mais aussi un torrent déchaîné…

En effet, on  a chacune et chacun ses soucis, y compris ces souffrances psychologiques indicibles, indescriptibles, celles qui ne pleurent que de l’intérieur : solitude, déprime, usure, remords de conscience, charge de culpabilité, frustrations et déceptions, combats intérieurs, trahisons d’amour, sentiments d’être inutile …, notre cœur parfois trop lourd de secrets, trop lourd de peines.  Nous connaissons cet adage populaire : « Les problèmes, quand on ne les a pas, on les attend ». Qui que tu sois, quoi que tu fasses, c’est inévitable, la souffrance, la mort te traque et, un jour, te rattrape. 

« Mon âme est triste à en mourir … » Jésus est anéanti.  Il redoute, en effet, les horribles épreuves, la mort atroce qui l’attendent. Comme humain, il est ému et profondément angoissé. Un sentiment de désespérance l’envahit… Cependant, grâce à une prière intense d’abandon, il est arrivé à assumer sa mission… Cela n’arrive pas qu’aux autres, confrontés à certaines réalités cruelles de la vie, nous pouvons nous aussi déprimer, manquer de ressort. En ce moment, recourrons au Père par la prière d’abandon, confions-nous à l’Esprit Saint et   invoquons Jésus en lui rappelant son agonie. Par sa croix, Jésus est solidaire de notre humanité souffrante, blessée et blessante.

                                                                                   Vital Nlandu, votre curé-doyen

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Tu es promesse de fécondité !

Homélie du 5ème dimanche du Carême B : Tu es promesse de fécondité ! Lectures : Jr 31, 31-34 ; Ps 51 ; He 5, 7-7 ; Jn 12, 20-33

Mes frères et mes sœurs, nous célébrons aujourd’hui le dernier dimanche de Carême.

La liturgie de la Parole nous fait déjà entrer dans le mystère de Pâques. C’est comme un oiseau qui se met à chanter en voyant poindre l’aurore alors qu’il fait encore sombre. 

Dans la page de l’Evangile de ce dimanche, c’est la fête de la Pâque juive : on « monte » à Jérusalem pour remercier Dieu d’avoir libéré son peuple et de l’avoir conduit en Terre promise. De nombreux touristes y sont présents, entre autres des grecs chercheurs de Dieu qui éprouvent le besoin impérieux de voir Jésus. Quelle est la vraie motivation de leur démarche : serait-ce par simple curiosité, par plaisir de rencontrer une personnalité célèbre, par goût du sensationnel, par désir de devenir disciples ? Serait-ce pour le connaître afin de l’aimer, de s’attacher à lui ? Toujours est-il que leur présence auprès de Jésus préfigure celle des non-juifs de tous les temps, qui pourront choisir de le rejoindre grâce à l’œuvre de la Mission universelle. Jésus-Christ n’est pas seulement Sauveur des juifs, mais du monde entier.

Aussi va-t-il profiter de cette occasion pour donner le sens profond de l’expression évangélique  » Mon heure« . A Cana, il avait dit à sa mère : « Mon heure n’est pas encore venue  » (Jn 2, 4). Elle est venue enfin … l’heure de sa glorification dans sa mort et sa résurrection qui lui donnent le bonheur du devoir accompli. En effet, avant de remettre son esprit entre les mains du Père, Jésus dit : « Tout est accompli !  » (Jn 19, 30). Son élévation en croix est donc le pivot de sa manifestation comme Envoyé de Dieu : « Vraiment  » s’exclama le capitaine romain, un étranger, « cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15, 39). C’est donc l’heure qui permet aux hommes de connaître et de reconnaître le grand amour dont ils sont aimés (Jn 15, 13) ; l’heure de la révélation de la Pâque de Jésus-Christ comme germe et ferment de la vie éternelle. Jésus devient ainsi « la cause du salut éternel » (2ème lecture) …

Et pour nous faire comprendre que sa mort est nécessaire, que c’est une fabuleuse bénédiction, il se sert d’une illustration toute simple tirée de la vie agricole, de la nature. « La nature est un professeur universel et sûr pour celui qui l’observe » (Carlo Goldoni). C’est cette expérience bien connue : toute semence jetée en terre doit se décomposer, mourir avant de retrouver une vie nouvelle (1 Co 15, 36). De même que le grain de blé, Jésus sera mis en terre afin de produire du fruit de salut pour tous les humains. Sa résurrection est le gage de la nôtre… Cependant,  « le vrai problème » fait remarquer Maurice Zundel, « n’est pas de savoir si nous serons vivants après la mort, mais si nous sommes vivants avant la mort ».                                                                                                                                                                                                                    

Aussi Jésus nous recommande, nous qui sommes ses disciples, de mourir à nous-mêmes, à notre mode de vie centrée sur notre petite personne et notre confort, bref à notre égoïsme stérile. Notre « mise en terre » consentie, c’est-à-dire notre kénose (dépouillement), notre humilité – et même parfois l’humiliation que nous subissons -, notre vie toute offerte, notre dévouement pour Dieu, pour les humains, pour la sauvegarde de la nature, est une promesse de belles moissons. A la question de sens « Que dois-je faire de ma vie« , Jésus répondrait : « Il faut s’en détacher pour goûter à l’amour comme un avant-goût d’éternité ; il faut comprendre que seule une vie donnée est féconde« .

C’est donc aujourd’hui que le Seigneur t’appelle à devenir un grain utile et rentable. Le conte « Nous ne vendons que les graines«  est bien instructif et même inspirant : un jeune homme est en train de dormir, et dans son rêve, le voilà qui entre dans un magasin. Derrière le comptoir se tient un ange. Le jeune homme lui demande : « Que vendez-vous ? » L’ange lui répond : « Tout ce que vous désirez ». Alors le jeune homme commence à énumérer : « Si vous vendez tout ce que je désire, alors j’aimerais bien : la fin des guerres dans le monde, la fin des bidonvilles en Amérique latine, l’intégration dans la société de tous les marginaux, du travail pour tous les chômeurs, plus d’amour et de vie communautaire dans l’Eglise … ».

L’ange lui coupe la parole : « Excusez-moi, Monsieur, vous m’avez mal compris. Ici nous ne vendons pas des fruits, nous ne vendons que les graines » …

Et toi, sais-tu que ta vocation originelle est d’assurer le renouvellement de la vie des autres ? Tu es graine d’espérance, de service, de bienveillance, de bonne humeur pour ton entourage.  Alors, pour déployer avec largesse tes potentialités, aménage dans ta vie, les conditions propices à de belles germinations ! … Quant aux fruits, ne t’en soucie pas trop : ils sont déjà dans le cœur de Dieu !

                                                                                 Vital Nlandu, votre curé-doyen

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Fixons Jésus du regard, croyons-en lui !

Homélie du 4ème dimanche de carême B : Lectures : 2 Ch 36, 14.19-23 ; Ps 136 ; Ep 2, 4-10 ; Jn3, 14-21

Chers amis, alors que le printemps s’installe avec audace, que la nature va de nouveau scintiller et s’habiller de fleurs, nous chrétiens, nous poursuivons notre route vers Pâques.

Le vrai voyage n’est pas de chercher nécessairement de nouveaux paysages, mais d’acquérir un nouveau regard même sur des sites familiers. Aussi, nous n’avons jamais fini d’explorer et d’approfondir la richesse inépuisable de la Parole de Dieu… Je vous parlerai ce dimanche  du retour vers le Seigneur, thème central du carême; de la croix et de la lumière de Jésus-Christ.

En effet, la 1ère lecture raconte la terrible épreuve de l’exil à Babylone qui a marqué à jamais le peuple d’Israël. Ce fut tout un chemin spirituel : bien que le peuple se soit détourné de Dieu, qu’il y ait eu rupture de l’alliance avec ses conséquences humiliantes (privation de terre, destruction du Temple emblématique, déportation des élites, esclavage …), Dieu n’a pas abandonné son peuple. En terre étrangère, les hébreux ont déprimé : ils avaient le mal du pays. En témoigne le psaume 136 : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis, n’ayant plus que nos yeux pour pleurer… Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite se dessèche ; que ma langue s’attache à mon palais ! » Toutefois,  la fidélité de Dieu pour son peuple est restée intacte ; comme toujours, sa miséricorde l’a emporté.  Loin du Seigneur, nous sommes en exil, privés de la vraie liberté. Le retour de l’exil des hébreux symbolise ainsi nos incessants retours vers Dieu, nos élans de conversion. C’était l’oracle du Seigneur dès l’aube de ce carême : « Maintenant, rebroussez chemin, revenez à moi de tout votre cœur » (Jl2, 12). 

Mes sœurs et mes frères, la page d’Evangile de ce dimanche achève l’entretien de Jésus avec Nicodème. C’est une invitation à oser « lever les yeux » pour contempler la croix, le symbole de l’incommensurable amour de Dieu pour l’homme.  L’évangéliste saint Jean écrit : « Dieu a tant aimé le monde« . Ce verset est la clé herméneutique, le fondement d’interprétation de toute l’Ecriture. Il t’aime tellement qu’il porte sur toi un regard inconditionnellement bienveillant. Et s’il t’aime – dois-je encore te le dire ? -, ce n’est pas pour tes mérites, mais c’est par amour gratuit et infini pour toi, par sa grâce (2ème lecture). L’agapé, l’amour de Dieu pour toi est hors de prix, il ne se monnaie pas au travers de bonnes œuvres.  Il est désintéressé, pur, absolu, gratuit…  Se marquer du signe de la croix au réveil, au coucher, en voiture, à la prière, c’est déclarer, professer sa confiance en cet amour ! Signer ses enfants, ses petits-enfants, c’est les bénir, leur souhaiter du bien, les confier aux soins de l’amour divin. 

Voici donc le merveilleux dessein de Dieu, son projet d’amour pour l’homme : de même que dans le désert (Nb 21, 4-9), Moïse a fixé sur un poteau le serpent de bronze,  pour qu’en le regardant  toute personne victime de morsures de scorpions et de serpents venimeux trouve la vie sauve – l’image mythologique du serpent guérisseur est encore aujourd’hui l’emblème des médecins -,  de  la même manière,  quiconque regardera avec foi le Christ élevé sur l’arbre de la croix sera sauvé, guéri du péché qui défigure l’humanité. Et à la clé, il aura comme gratification une vie ouverte sur l’éternité. 

Dieu a voulu pour ainsi dire, que le Christ crucifié soit un bourreau des cœurs, qui  courtise le monde entier (Jn 12, 23. 32). Qu’il soit le point de mire, afin que quiconque croise et pénètre son regard d’amour parvienne à cette la révélation intérieure : Jésus-Christ est ma lumière!  Connaissant alors Celui qui est la lumière venue dans le monde pour nous éclairer, nous montrer le chemin, nous donner vie, chaleur, moral, nous avons le choix entre les ténèbres (égoïsme, haine, mensonge, pessimisme) et la lumière … Le jugement n’est pas, selon saint Jean, un acte de Dieu, car sa grâce bienveillante nous a déjà libérés ; c’est l’homme lui-même qui se condamne en s’obstinant à préférer l’obscurité à la lumière. 

Chers amis, nous bénissons Dieu et nous le remercions pour Jésus-Christ, notre lumière. Cependant, à quoi sert-elle si nous laissons les volets de notre cœur hermétiquement fermés ? Vous comprenez qu’à bien des égards, tout dépend de nous. Puisque par la grâce du baptême, nous avons accueilli le Christ comme lumière dans nos vies, il est grand temps de la diffuser autour de nous par notre sourire par exemple. Un visage souriant est radieux, son éclat remet de la couleur dans la grisaille et  motive l’espérance.

                                                                         Vital Nlandu, votre curé-doyen

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La folie de la Croix

Homélie du 3ème dimanche de Carême : La folie de la Croix !                                                                                                                                                                 

                       Lectures : Ex 20, 1-17; Ps 18 B , 1 Co 1, 22-25; Jn 2, 13-25

Mes sœurs et mes frères,  dans ce récit de la purification du temple (Evangile), Jésus dénonce la confusion entre religion et commerce. Il ne veut pas que l’on fasse de la maison de son Père une galerie marchande. En effet, le Temple de Jérusalem est le sanctuaire emblématique de la religion juive. C’est la demeure de Dieu parmi son peuple, le Très Haut réside dans la pièce sacrée du Temple, le débir (en hébreu), le saint des saints où est le coffre de l’Arche d’alliance (les Tables de la Loi-les 10 commandements). Seul le grand prêtre d’Israël y avait accès une seule fois  par an, à l’occasion de la fête de Yom Kippour (Jour du grand pardon). Les gens vont donc au Temple pour rencontrer Dieu, l’adorer. Mais c’est aussi le lieu où l’on fait des sacrifices de bêtes pour implorer les faveurs de Dieu. C’est quelque part une boucherie des bêtes.  Et donc, on y trouve des vendeurs d’animaux (bœufs, brebis, colombes), des changeurs de monnaie, des flâneurs. C’est tellement achalandé que l’on comprend pourquoi Jésus fait le ménage de ce lieu sacré devenu un instrument de profit mercantile !

Le geste provocant qu’il pose est hautement symbolique et prophétique : il purifie un lieu dévoyé à ses yeux, dont l’utilité originelle  a carrément été détournée. Ce faisant, il ouvre une nouvelle compréhension de la religion,  qui ne repose plus sur l’accomplissement des rites, qui pis est tarifiés, mais sur une démarche intérieure, libre et authentique : la conversion du cœur. A quoi sert-il de manipuler la Parole de Dieu par un ritualisme hypocrite ou de se mentir à  soi-même ? Je renvoie à certaines pratiques traditionnelles de l’Eglise inconcevables aujourd’hui, comme par exemple la doctrine des indulgences !  L’important ne serait-ce pas  d’être vrai devant Dieu et sa conscience ? Et quand Jésus dit : »Détruisez ce Temple« – ironie de l’histoire : il a été détruit en 70 par les romains -, il met fin au culte de l’ancienne alliance (appartenance ethnique au peuple juif, circoncision, pratiques rituelles). Désormais, ce n’est plus vers Jérusalem qu’il faut voyager pour aller adorer Dieu (Jn 4, 23).  Le nouveau Temple  purifié, restauré spirituellement qu’évoque Jésus, c’est  le vrai, l’universel et  c’est lui-même ! Son Corps ressuscité est tout transparent à la présence de Dieu, qui y habite en plénitude.  Dorénavant, le seul sacrifice qui plaît à Dieu, l’unique qu’il agrée, c’est le Sang de l’Agneau de la  Pâque Nouvelle (Héb 10, 1-17) …  Et justement, c’est dans ce Corps ressuscité du Christ que nous sommes incorporés par le baptême. D’où le rappel de saint Paul : « Ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de Dieu ? » (1 Co 3, 16). Tu le sais maintenant, tu es une valeur infinie, ton histoire est sacrée : le Temple de Dieu, c’est ta maison intérieure. Maurice Zundel le souligne en ces termes : « Les temples de pierre peuvent s’écrouler. Les hommes, désormais, sont appelés à découvrir en eux-mêmes le sanctuaire du Dieu vivant » Telle est la folie de l’amour de Dieu pour l’homme, le plus  fou des mystères : sa présence en toi !

Sans craindre la police du Temple, Jésus manifeste et son geste est spectaculaire. Son culot ne peut que nous interpeller avec nos convictions parfois trop timides,  tièdes, faites « de correctement politique », de tolérance mielleuse quand nous devons  témoigner de notre foi dans certaines circonstances épineuses. A se demander parfois où est la mission prophétique de notre baptême ! Peut-on rester timoré quand on se dit être « un zélé et un indigné » comme Jésus ?

Bénissons Dieu pour ce que Jésus a fait et a dit en ce  jour où il chassa  les marchands du Temple de Jérusalem !Il nous invite pour ainsi dire  à nous mettre en mouvement, à entrer dans la dynamique du renouveau spirituel qu’il nous a apporté. En effet, c’est de son Corps remis debout le 3ème jour,  dont il parlait. C’est  sa résurrection qu’il annonçait. Nous nous y préparons non pas  pour célébrer un événement du  passé, parce qu’elle  est le gage de notre propre résurrection et la force de nos élans de vie et de rebondissement.

Bonne route vers Pâques.

                                                                              Vital Nlandu, votre curé-doyen

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